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COVID 19 : SURMONTER LA CRISE ET/OU APAISER LA PEUR ? (Mars 2020)

LETTRE MARS 2020

COVID 19 : SURMONTER LA CRISE ET/OU APAISER LA PEUR ?

Nous vivons depuis quelques semaines une période exceptionnelle, et notre Lettre mensuelle se devait de traiter un sujet lié à une actualité terriblement anxiogène… mais riche d’enseignements comportementaux !

Face à la crise du Covid 19, chacun d’entre nous vit, ou observe, des postures plus ou moins marquées qui méritent, selon nous, d’être analysées avec un peu de recul.

L’approche que nous vous proposons va donc consister à nous intéresser à ces postures qui relèvent toutes, à des degrés divers, de la même logique psychique.

Ces postures reposent sur trois paramètres essentiels que sont l’émotion, l’abondance et l’incertain.

 

1. L’émotion

  • L’approche générale

Quelle que soit la situation et la perception qu’en auront les individus concernés, la réaction immédiate sera en général strictement émotionnelle et traduite par des scénarios du type « ça peut m’arriver… » ou encore « Et si cela arrivait à quelqu’un des miens … ? ». Dans ce contexte, une subjectivité marquée et des ressentis très puissants vont s’exprimer de manière très différente.

De plus, il faut noter qu’une émotion exprimée chez l’un génère une émotion manifestée chez l’autre. Prenons l’exemple de celui qui exprime sa peur à celui qui ne la ressent pas. Il est probable que, de manière circulaire, le non ressenti du second amplifie la perception du premier, qui à son tour déclenchera une autre émotion en réponse : peut-être l’agacement, la colère… Notons qu’il est fort rare qu’une émotion exprimée de façon répétée, laisse l’autre ou les autres « de marbre » !


La peur de l’un…engendre la colère de l’autre !

En tout état de cause, au nom de ce que Viktor Frankl* définit comme « le glaive émotionnel », s’installe en pareil cas une forme de surenchère interpersonnelle qui tend à   nourrir l’un et l’autre des protagonistes de tout élément, exact ou inexact, important ou futile, réel ou fantasmé, les menant à une vision partielle et donc partiale, plutôt que globale et porteuse de sens… Le point d’accroche réside finalement dans la justification de l’émotion (la peur dans notre exemple) pour l’un et le refus de la tentation émotionnelle négative (toujours la peur ici) pour l’autre !

    • Dans le cas de la crise actuelle

Lorsque l’on observe, objectivement, la nature de l’information et la forme qui en découle (ou qui la guide …) autour de l’épidémie actuellement en cours, on réalise à quel point celle-ci alimente l’une et l’autre des postures qui viennent d’être citées. Le « brassage » quasi permanent entre faits, opinions et ressentis est tel qu’il devient complexe de discerner le réel du fantasme, l’ici et maintenant d’un demain hypothétique, la conception individuelle de la morale de sa vision collective, etc.


Fait, opinion ou ressenti ?

Ainsi, les tenants de la peur pourront trouver dans cet amalgame permanent tout ce qui peut leur permettre de renforcer ladite peur (« Ils l’ont dit à la télé … ») ; en revanche, les « réfractaires » à la même émotion n’auront aucune difficulté à identifier quelques propos « forts » qui assoiront la validité, le bien-fondé de leur position (« ils l’ont dit à la télé… »)

 

2. L’abondance   

  • L’approche générale

« Trop d’info tue l’info … » ; cet adage souvent employé prend ici un sens particulier. Le processus d’abondance, fort bien défini par Wilhelm Reich**, met en perspective le principe de besoin d’informations (de toute nature) de chaque individu et la mise à disposition quantitative et qualitative de ces informations par l’autorité qui les possède et qui les délivre.  

  • Dans le cas de la crise actuelle

On comprend aisément le lien que l’on peut faire entre les propos tenus dans les lignes précédentes et ce concept. Mieux encore, il semble aisé de projeter ledit concept dans la situation totalement inédite qui est celle de nombreux pays, dont la France, à ce jour.

Que constate-t-on ? Disons-le de la manière la plus neutre possible : nous vivons sous une inflation, une surproduction d’informations, d’éditions spéciales, de flashes, d’alerte infos, etc…

Pour exemple, les mots Covid-19 ou Coronavirus ont été mentionnés 2.1 milliards de fois dans les media en quelques mois, alors qu’à titre de comparaison, le terme HIV (VIH) n’y est mentionné, depuis son apparition dans les années 80, « que » 69.5 millions de fois !


Nombre de mentions du mot Cofid-19/Coronavirus
dans les Media au 19 mars 2020 (source www.informationisbeautiful.net)

Sans nullement nous montrer critiques à l’égard des chaines dites « d’information continue », celles-ci doivent répondre à deux logiques :

          Une première, journalistique, qui constitue l’essence même de la notion d’information, 

          Une seconde, commerciale et donc concurrentielle, qui se doit d’attirer le spectateur, le conserver, le capter.

Outre ce qui doit être diffusé (le fond, la ligne éditoriale) au titre de la première logique (le travail de tout journaliste en somme), la forme revêt une intensité particulière et rejoint, par son expression, le concept d’abondance.

Ainsi,

       La présentation visuelle et/ou auditive,

       Le ton général employé,

       Le vocabulaire utilisé,

       Le cadencement des sujets, …

Sont autant de vecteurs qui distribuent les réponses attendues par nos deux « personnages » (celui qui a peur et celui que ne comprend pas la peur) qui nous accompagnent depuis le début de ce propos.

Cette surenchère, dont un œil averti ou, pour le moins, attentif constatera qu’elle est assise sur des répétitions dans le propos, dans l’image, est complétée par des tribunes d’experts, de sachants souvent dans des approches contradictoires (c’est l’idée même du débat) lesquels, dans le cas présent, renforcent l’ambiguïté mentale de nos deux postures témoins.

Il n’est pas question dans ce propos de contester le bien-fondé du débat ou la qualité technique scientifique, économique, philosophique de celles et ceux qui interviennent dans le paysage audio-visuel français ; il s’agit bien du « trop », de l’abondance dans l’aspect excessif que ce terme recouvre que nous pointons ici.

 

3.  L’incertain

Le facteur de l’incertitude étant de loin le plus complexe à gérer, nous le détaillerons dans notre prochain numéro.

Nous y aborderons également quelques méthodes relatives à cette « gestion de crise » dans l’observation qui en est faite aujourd’hui et dans sa transposition possible au sein de l’entreprise.

D’ici là, prenez soin de vous et des vôtres !

Références
*Viktor FRANKL« Ce qui ne figure pas dans mes livres » – InterEditions 2014
**Wilhelm REICH« Les hommes dans l’Etat » – PAYOT 1978

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