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Le Language… (Mars 2017)

Les linguistes connaissent parfaitement les manifestations exponentielles liées à l’utilisation d’un champ lexical en lien avec une activité, une profession, une culture, une époque, … une mode !

Ainsi, le monde de l’entreprise n’échappe pas à ce constat voire même en présente l’illustration la plus significative par l’usage presque abusif de « mots tendance » ; en effet, ceux-ci définissent davantage l’appartenance du locuteur à une communauté identifiée (l’entreprise, la profession, la fonction, etc.) qu’ils ne résonnent comme une volonté délibérée de transmettre une « information » dans une approche interactive et, par extension, ouverte sur le plus grand nombre de récepteurs !

Mais qu’appelle-t-on « mot tendance » ?

Plutôt qu’une définition qui risque d’être par trop théorique, nous vous proposons quelques exemples « parlants » qui ne manqueront pas, nous l’espérons, de réveiller plus ou moins agréablement vos oreilles et vos langue(s) mêlées …
Voici donc, certes de manière caricaturale (quoi que …), un florilège, des morceaux choisis de ce phénomène.

Un premier modèle du genre :
« Considérant notre ADN et l’écosystème qui en découle, il est essentiel de changer de logiciel ASAP !»

Sachant que le propos ici rapporté ne concerne en rien une approche génétique, écologique et encore moins informatique, considérant parmi nos lecteurs l’inévitable présence de quelques réfractaires à cette « NOV’LANGUE », nous nous permettons de traduire : « Prenant en compte l’histoire de l’entreprise et l’organisation qui est la nôtre, il est nécessaire de se remettre rapidement en question !»

Nous sentons déjà poindre des commentaires éventuellement acerbes de celles et ceux qui prônent un langage actuel, moderne, dynamique, jeune… en regard duquel le présent propos n’exerce aucune critique particulière ; en revanche, et nous nous référons toujours aux sémiologues et aux linguistes, « l’appauvrissement de la portée (du sens) des mots est souvent généré par une utilisation abusive et décalée de ceux-ci dans un champ sémantique qui les déporte de leur origine » [Georges MOULIN La Sémantique, « Petite bibliothèque Payot » no 317, 1997]
Ceci posé, pourrez-vous à nouveau rétorquer, l’important n’est-il pas de se comprendre ? Qu’importe l’analyse des sémiologues puisque nous mettons tous la même signification sous les mêmes mots. En sommes-nous certains ? La prédominance d’une typologie de vocabulaire dans un groupe donné peut apparaître comme un signe d’exclusion en regard d’individus qui ne comprennent pas (ou n’adhèrent pas) les (aux) signifiants utilisés.
Et puis il y a ce que nous nommions plus haut « l’effet de mode » … Autrement formulé, « ça fait bien » d’utiliser tel ou tel vocable… Ainsi, loin d’user de la richesse de la langue pour ce qu’elle est dans son existence et dans sa pratique, celle-ci, ainsi exprimée, devient ou pour être plus précis redevient, un marqueur social à connotation souvent professionnelle dont la pertinence sémantique s’efface quelque peu devant l’utilisation forcée de nos fameux mots tendance, utilisation destinée à montrer que l’on connait les codes … en pure forme mais, hélas et selon nous, de manière non inclusive !

Nous vous avions promis des exemples ; en voici quelques autres (bien réels et tirés de nos expériences sachant que nous sommes nous-même pas exempts de tout reproche dans notre pratique…) que nous ne commenterons pas de manière détaillée laissant à chacun de nos lecteurs le soin de se situer par rapport à cette réflexion ; celle-ci ne se veut pas « académique » mais, et non sans une pointe d’humour légèrement ironique, centrée sur une observation de ce qu’est devenue l’héritage culturel premier de toute civilisation …
Agrémentons ces « perles » d’un petit jeu à l’attention de nos lecteurs : A vous de traduire !

« J’ai une prez dans le pipe [prononcer « païpe »] ; il faut qu’on se fasse un brief pour l’updater. »
« Je suis sous l’eau ! Ma TO-DO est full ; tu peux prendre le lead ? »
« FYI, j’ai un REX top sur le client ; je shoote un max ! »
[Plus difficile celui-là …]
« Ce wording est confusant … Il n’est pas dans le scope des best practices ! »
[Pas mal non plus …]
« Le management doit cascader les inputs stratégiques et gérer les itérations avant la deadline »
[Un must du genre …]

L’on notera, c’est une évidence, une prédominance de locutions anglaises, lesquelles sont très loin, en termes grammaticaux en particulier, de la langue de Shakespeare mais appartiennent elles-aussi à cette nouvelle donne linguistique que certains appellent « évolution » … un mot sur lequel il conviendrait de revenir !

Allez, on attend votre feed-back ! On se fait une conf call ?

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