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Le stress : comment le détecter ? (Février 2010)

 

Un récent sondage* fait ressortir que, pour 82 % des personnes interrogées, le stress, s’il est considéré comme le mal du siècle, est également lié, dans son expression, à un phénomène de positionnement sociale ; il est ainsi de bon ton de se « dire » stressé parce que cela montre que l’on est « débordé » et, par là même que l’on est important !

Cependant,

  • 78% des employés disent ressentir du stress (source Manpower – septembre 2008)
  • 84% des cadres se disent stressés (source Capital/CSA – 2009)
  • 41% des fonctionnaires se disent actuellement victimes de harcèlement moral (source Fedra – novembre 2008).

S’agit-il donc bien de la simple manifestation d’une mode ?

Considérons, comme nous l’avons déjà évoqué dans notre dernière lettre,  qu’il y a stress et stress …

N’oublions pas que l’homme est un « animal » et qu’il dispose, au même titre que les autres mammifères, d’éléments constitutifs de son cerveau (selon Paul Mc LEAN) :

  1. Le cerveau reptilien : seuil de la survie: boire, manger, copuler ;
  2. Le cerveau des mammifères inférieurs : seuil de l’affectivité et la mémoire: tristesse, joie, angoisse ;
  3. Le cerveau des mammifères supérieurs : seuil du cortex associatif : processus anticipatoire et créatif, domaine du langage, de l’imaginaire. 

Le stress, au sens strict, est donc une réaction physiologique archaïque, massive et autonome du cerveau reptilien qui sert à assurer à l’animal en danger sa survie.

Bien souvent, on appelle stress des réactions des cerveaux supérieurs, telles que l’angoisse ou l’anticipation d’où le succès du mot stress !

Que se passe-t-il lorsque la survie d’un animal est menacée ?

Décrivons brièvement la réaction du système nerveux autonome dit orthosympathique :7

Rôle de l’orthosympathique : préparer l’action ce   qui signifie attaquer ou fuir…

    • Vascularisation des muscles,
    • Mydriase (dilatation de la pupille),
    • Fermeture des sphincters,
    • Augmentation du rythme cardiaque,
    • Augmentation de la tension artérielle,
    • Augmentation du rythme respiratoire.

Que se passe-t-il lorsque l’animal a eu la vie sauve ?

Considérons maintenant la réaction du système nerveux autonome dit  parasympathique :8

Rôle du parasympathique : préparer la détente et la récupération…

    • Relâchement des muscles
    • Relâchement des sphincters,
    • Élimination des toxines,
    • Ralentissement du cœur et de la  respiration,
    • Myosis (rétractation de la pupille),
    • Érection…

Cette réaction en deux temps s’appelle le Syndrome Général d’Adaptation (SGA)

Ce modèle a été « inventé » par Hans Selye en 1936 (le terme stress viendrait d’une assimilation entre ce mouvement de tension/détente et l’élasticité du … stretch !)

Cette réaction, n’est absolument pas toxique et peut se répéter indéfiniment sans aucune conséquence sur l’organisme, pour autant qu’à toute phase d’alarme (AL) succède assez rapidement une phase de détente (DT). 9

Mais que se passe-t-il si la réaction d’alarme persiste? 10

Phase 1 : L’on constate une réaction orthosympathique « normale » ; l’action n’est pas possible
Phase 2 : le parasympathique fonctionne en même temps que l’orthosym-pathique ; l’organisme s’adapte peu à peu à la contrainte, ce qui amène une diminution des perceptions désagréables ;
Phase 3 : le faux équilibre créé ne peut perdurer ; effondrement grave: infarctus, hémorragie cérébrale (AVC), ulcère perforé, accidents, suicides …

Comment l’homme en est-il arrivé à utiliser ce mécanisme de survie dans sa vie professionnelle?

L’homme reste un mammifère dont la raison d’être est d’agir : ce qu’il supporte le moins bien c’est d’être immobilisé (n’oublions pas : être immobilisé, c’est être en danger de mort !)

Essayez seulement de retenir contre vous un chat qui ne le veut pas!
Or, nombre de situations sociales nous obligent à respecter des « conventions » qui nous empêchent d’agir !
On ne peut pas, par exemple « casser la gueule » de son chef ! Il faut attendre qu’on vous donne une autorisation ; on ne peut claquer la porte du bureau… sans risque !
L’homme est un mammifère supérieur qui est capable d’anticipation ;  Il peut donc anticiper :
  • qu’il ne pourra ni fuir ni agir, ce qui va l’immobiliser et le mettre en danger, 
  • qu’il y a une discordance manifeste entre ses capacités, les exigences de la tâche et l’aide dont il peut bénéficier.
Avez-vous tenté de déménager un piano tout seul?
L’homme  est le seul animal qui peut, par simple imagination, se stresser lui-même.
 

Profil du stressé

Il s’agit d’une personne généralement hyperactive, faisant montre d’une réelle motivation, persévérante dans son action voire … obsessionnelle, positionnant souvent mal ses limites (à titre d’exemple, elle ne sait pas dire non !), très en difficulté en regard d’une planification (nous qualifierons cela d’un mot : brouillon), s’imaginant toujours pouvoir sortir des situations les plus inextricables parce que confiante « dans sa bonne étoile » et, fondamentalement, dans l’incapacité d’accepter de « lâcher prise » (ce qui correspondrait à un effondrement de ses croyances qui lui permettent, très provisoirement, de tenir !). 

Ainsi, nous pouvons compléter notre première définition

Le stress est donc
Un état de tension persistante, perçu comme négatif,
où l’individu est ou se sent incapable  de répondre adéquatement aux exigences de la tâche,
où cette inadéquation peut avoir des conséquences significatives,
et qui s’accompagne de dysfonctionnements au niveau physique, psychique et social.

Comment peut-on savoir que l’on est stressé?

D’abord s’écouter soi-même :

  • Identifier ses facteurs d’alerte : quand suis-je en « danger » ? Quelle typologie d’angoisse pour quelles situations ? Quelles sont les manifestations de cette angoisse ? Ai-je l’impression de m’habituer à l’angoisse ressentie ? Ai-je besoin de ce ressenti pour agir ? Etc.
  • Analyser son comportement : ai-je besoin d’être en permanence en « mouvement » ? Puis-je mesurer ma capacité à ne pas tout accepter ? Est-il important pour moi d’être toujours « surbooké » ? Ai-je tendance à être (involontairement !!!) en retard ? Etc.
  • Ecouter ses « ressentis » : le fait d’accepter une défaillance voire un échec est-il insupportable pour moi ? Suis-je capable de faire confiance ? Ai-je besoin de signes de reconnaissance fréquents et importants ? Ai-je le sentiment que je m’en sortirai toujours, quoi qu’il arrive ? Suis-je enclin à banaliser les incidents quotidiens ? Etc.

Réfléchir sur son vécu :

  • Lire sa propre histoire : quelles ont été mes plus grandes peurs ? Puis-je en analyser les causes ? Quels messages ai-je reçu de la part de mon entourage éducatif (parents, grands-parents, famille, enseignants) ? Ai-je toujours compris ce que l’on me demandait ? N’ai-je pas eu (parfois, souvent) à appliquer des principes (consignes, ordres) sans vraiment en comprendre le sens ? Etc.
  • Comprendre le présent : Ai-je l’impression de faire ce que je souhaite ? Ce que j’avais imaginé ? Ce à quoi je rêvais ?  Puis-dire que je me réalise dans mon existence (professionnelle, sociale, personnelle) ? Ai-je l’impression d’être reconnu pour ce que je suis ? Pour ce que je fais ? Etc.
  • Imaginer l’avenir : Suis-je prêt à « continuer comme aujourd’hui » ? Ai-je une vision claire et pérenne de la suite de mon existence ? Aimerais-je savoir ce qui va m’arriver demain (au sens large de l’expression) ? L’évocation de l’avenir a-t-elle tendance à m’exciter ? A m’inquiéter ? Ai-je une vision de mon devenir comme  une ascension ? Une stagnation ? Une régression ? Etc.

Prendre en compte les messages du corps (quelques éléments relatifs au SGA)  

  • Au cours de la phase d’attaque : augmentation du rythme cardiaque (pouvant générer une manifestation arythmique), accélération de la séquence respiratoire (pouvant aboutir à un syndrome d’hyperventilation), état généralisé et intense de souffrance (cas extrême), autant de symptômes qui illustrent l’effort accompli par l’organisme pour s’adapter aux stimuli stressants ;
  • Au cours de la phase de résistance : augmentation de la capacité intellectuelle, amélioration de la mémoire, ralentissement digestif, forme de « bien-être » en réaction à la souffrance précédente constituent, entre autres, les manifestations qui montrent que le corps déploie un très haut niveau d’énergie et puise dans toutes ses ressources pour intégrer l’agent stressant et tenter de trouver un nouvel équilibre ; même si elle peut être associée au « bon » stress, cette phase est extrêmement couteuse en énergie et ne peut perdurer ;
  • Au cours de la phase d’épuisement : l’énergie fournie, au cours de la phase précédente, par les défenses immunitaires génère une fatigue (souvent irréversible) de l’organisme ; les manifestations sont donc tout autant psychologiques (colères, dépression, modification du comportement, altération de la perception de l’environnement, …) que physiologiques (ulcères, hypertension voire infarctus, asthme, eczéma, mais aussi cancers …) ; il s’agit de manifestations extrêmes dont la survenance peut être grandement atténuée en considération d’une veille attentive des différents paramètres évoqués.          

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