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Les signes de reconnaissance (Mai 2012)

 

Qu’est-ce qu’un signe de reconnaissance ?

Pionnier de l’Analyse Transactionnelle, Eric Berne a mis en évidence que l’un des besoins les plus élémentaires de l’être humain est d’être suffisamment stimulé par son environnement extérieur, via ses cinq sens, et que la satisfaction de ce besoin (qu’il nomme une « soif ») est tellement vitale qu’elle peut conduire au blocage du développement du psychisme du jeune enfant en cas de manque sévère.

Il associe à ce besoin de stimulation la soif de reconnaissance, c’est-à-dire celle d’être perçu par les autres comme faisant socialement partie de l’espèce humaine. Ce besoin d’être reconnu est fondamental pour l’être humain : il correspond au besoin d’être accepté par les autres en tant qu’individu spécifique, de voir la réalité de son existence confirmée par d’autres personnes par le biais de stimulations qui lui sont spécialement destinées.

Cette soif de reconnaissance est assouvie par ce qu’Eric Berne nomme les « signes de reconnaissance » (ou « strokes »), que les êtres humains s’adressent les uns aux autres, ou bien à eux-mêmes.

On peut donc définir le signe de reconnaissance comme tout acte ou message indiquant la reconnaissance de la présence d’une personne.

 

Quels sont les différents signes de reconnaissance ?

Les signes de reconnaissance peuvent être classés en différentes catégories :

      • Verbal ou non verbal :

Le signe de reconnaissance peut être verbal ou non verbal : un regard, ou un simple signe de tête peuvent constituer un signe de reconnaissance.

      • Positif ou négatif :

Le signe de reconnaissance positif est donné en pensant qu’il fera plaisir à la personne qui le reçoit ; nous verrons plus loin que, malgré l’intention de départ de l’émetteur, pour positive qu’elle soit, le récepteur peut, malgré tout, ne pas accepter ce signe en tant que tel.

Le signe de reconnaissance négatif est donné en pensant qu’il ne fera pas plaisir à la personne qui le reçoit ; cependant, si celui-ci est donné en respectant un certain de nombre critères (voir plus bas), il peut, malgré son caractère négatif, être tout à fait approprié et accepté par le récepteur.

      • Conditionnel ou inconditionnel :

Le signe de reconnaissance conditionnel est donné en fonction d’un comportement ou d’un acte précis : il est basé sur des faits.

Le signe de reconnaissance inconditionnel porte sur la personne elle-même : il est basé sur l’être de l’interlocuteur.

En combinant ces différents critères, et sans perdre de vue que le signe de reconnaissance peut être aussi non verbal, voici quelques exemples de signes de reconnaissance que l’on peut rencontrer en entreprise :

 

Pourquoi peut-il être difficile de recevoir ou de donner des signes de reconnaissance ?

Chaque personne possède un « cadre de référence » recouvrant l’ensemble des filtres à travers lesquels elle regarde et perçoit la réalité. Le « filtre à stroke » peut, alors, la conduire à ne pas accepter ce qui lui est dit, ou à le déformer.

Ainsi, Claude Steiner, dans son article intitulé « L’économie de signes de reconnaissance », met en lumière le fait que les règles transmises par les parents, l’entourage, l’environnement…peuvent parfois faire penser qu’il y a « pénurie » de signes de reconnaissance, et que ceux-ci doivent donc être donnés ou reçus avec parcimonie.

Steiner répertorie cinq règles qui peuvent amener à se trouver en manque par rapport aux véritables besoins de signes de reconnaissance. Ces messages, véritable conditionnement, sont :

  1. « Ne donne pas de signe de reconnaissance. »
  2. « Ne demande pas de signe de reconnaissance. »
  3. « N’accepte pas de signe de reconnaissance. »
  4. « Ne refuse pas de signe de reconnaissance. »
  5. « Ne te donne pas de signe de reconnaissance. »

Malgré tout, pour avoir plus de chances que le signe de reconnaissance adressé soit accepté en tant que tel, Claude Steiner précise qu’il doit répondre, lorsqu’il est émis, à un certain nombre de critères :

      • Personnalisé
      • Approprié
      • Dosé
      • Sincère
      • Argumenté (ou il doit pouvoir être argumenté)

Ceci explique qu’un signe de reconnaissance négatif, puisse, au final, être reçu et accepté par la personne à qui il est destiné, car parfaitement ajusté.

 

Quels sont les risques provoqués par le manque de signe de reconnaissance ?

Richard Erskine a mis en lumière que l’individu en manque de Signes de reconnaissance va en venir à manipuler son entourage pour les lui « extorquer ».

La personne va, par exemple, intervenir à brûle-pourpoint, répondre à des questions adressées à un autre, gonfler les événements, parler toujours d’elle-même, répéter inutilement un récit,…en d’autres termes, se faire « remarquer ».

Poussée à l’extrême, cette extorsion de signes de reconnaissance va amener la personne à quémander des signes de reconnaissance négatifs, plutôt que de ne pas en avoir du tout. Ainsi, en entreprise, un collaborateur en manque de signes de reconnaissance va aller  chercher des signes de reconnaissance négatifs en posant des problèmes ou en créant des situations conflictuelles.

Le manque de signes de reconnaissance dans une équipe peut donc augmenter les conflits de personnes, la démotivation, le sentiment d’être « exploité », l’absentéisme,  le manque de productivité, et donc provoquer une baisse de l’efficacité.

 

Comment utiliser les signes de reconnaissance en entreprise ?

Comme on l’a vu plus haut, il est primordial pour toute personne de recevoir un nombre suffisant de signes de reconnaissances.

Dans l’entreprise, il est de la responsabilité du manager d’adresser à ses collaborateurs des signes de reconnaissance de qualité :

      • Positifs conditionnels et inconditionnels : quand ça va bien, il est d’autant plus important de le dire ;
      • Négatifs, de préférence conditionnels : en s’appuyant sur des faits précis.

Car rien n’est plus néfaste que l’absence de signe de reconnaissance.

Multiplier et fluidifier les signes de reconnaissance au sein de l’équipe permettra donc non seulement de répondre la soif de reconnaissance révélée par Berne, mais aussi de rejoindre la hiérarchisation des besoins fondamentaux des individus dans leur travail (la fameuse « pyramide »), mise en lumière par Maslow, dans laquelle la réponse au besoin de reconnaissance apparaît, chez la plupart des individus, comme facteur clé d’accroissement de la motivation.

 

Références :
Eric Berne « Des Jeux et des Hommes », Ed. Stock
Claude Steiner « L’économie des caresses », AAT n° 5, 
                      « Le conte chaud et doux des chaudoudoux », Ed. Inter Editions
Richard Erskine « Reprendre contact avec l’enfant intérieur », Ed. Techniques de Développement personnel
Alain Godard, Vincent Lenhardt  « Engagements, espoirs, rêves », Ed. Village mondial

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