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L’influence des « messages contraignants » sur le manager (Juin 2013)

 

Au nombre de cinq, les messages contraignants (ou « drivers » en anglais), font partie des outils décrits par l’analyse transactionnelle. Ceux-ci mettent en avant le fait que la plupart des individus peuvent s’envoyer régulièrement à eux-mêmes un ou plusieurs de ces messages inhibiteurs, ce qui va avoir pour conséquence de les empêcher de réussir pleinement ce qu’ils entreprennent.

Comme tout être humain, le manager peut être, lui aussi, soumis à l’un ou l’autre de ces messages. Il aura donc tout intérêt à découvrir celui auquel (ou ceux auxquels) il est confronté, d’une part pour accomplir ses missions de façon plus sereine, et d’autre part pour diriger son équipe sans se laisser influencer par une vision tronquée et négative.

Après avoir décrit rapidement le concept, nous verrons donc comment celui-ci s’applique au management, et dans quelle mesure il est possible d’arriver à surmonter son ou ses messages contraignants.

Le concept

Taibi KAHLER et Hedges CAPERS révèlent, dans leur article « Le mini-scénario » paru en 1974, l’existence de cinq messages contraignants : sois parfait, fais effort, dépêche-toi, fais plaisir et sois fort.

La personne qui a intégré un ou plusieurs de ces cinq messages se voit entraînée, de façon stéréotypée, dans des comportements « non OK » dont la conséquence est, en général, la perception de sentiments négatifs.

Ces messages ont été assimilés dès l’enfance, à partir de directives et injonctions parentales (souvent inconscientes) et se traduisent pour la personne par une pensée du type : « Pour être OK (ou conforme à ce que l’on attend de moi), je dois… » Ils font donc partie intégrante de ce que l’on nomme le « mini-scénario », c’est-à-dire la manière dont la personne perçoit son positionnement dans le monde qui l’entoure et entre en relation avec celui-ci.

Les comportements induits par les cinq messages contraignants sont décrits par les auteurs de la manière suivante :

    1. Sois parfait : la personne lutte pour arriver à la perfection et attend des autres qu’ils fassent de même. Elle se croit obligée de fournir un très grand nombre d’informations pour être comprise « exactement ». Elle peut se servir de mots compliqués, en dire davantage qu’on ne le lui demande, ou vouloir être partout à la fois.
    2. Fais effort : la personne invite les autres à faire beaucoup d’efforts avec elle. Il lui arrive alors de ne pas répondre directement aux questions, de marquer des pauses, de prendre la tangente ou de dire des phrases comme : « C’est dur » ; « Je ne sais pas » (alors qu’en fait, elle le sait).
    3. Dépêche-toi : la personne  croit qu’elle doit tout faire « tout de suite ». Elle parle et agit vite, regarde fréquemment sa montre, ou pianote impatiemment. Elle interrompt parfois ses interlocuteurs, les faisant ainsi se « dépêcher » de terminer leur phrase.
    4. Fais plaisir : la personne se sent responsable du bien-être des autres. Elle est facilement d’accord avec ses interlocuteurs. Il est important pour elle de se sentir aimée, et elle investit beaucoup pour obtenir l’approbation. Elle opine fréquemment de la tête, lève les sourcils, émet des murmures approbateurs, ou requiert l’accord des autres.
    5. Sois fort : la personne est stoïque et contient ses sentiments. Elle parle d’une voix monocorde et montre un minimum de signes d’excitation. Elle ne révèle jamais ses faiblesses, elle ne « s’écoute pas ».

Management et messages contraignants

L’exercice du management, comme toute activité en équipe,  va amener l’individu à entrer en lien (hiérarchique ou non) avec les autres. Influencé par un ou plusieurs messages contraignants, le comportement du manager risque de tomber dans les travers suivants (attention, le trait est sciemment forcé, allant parfois jusqu’à la caricature) :

    1. Sois parfait : très exigeant envers lui-même et les autres, ce manager met la barre très haut. Jamais satisfait, il a tendance à toujours dire à ses collaborateurs ce qui ne va pas, mais rarement ce qui va. Il est peu enclin à la délégation car il lui est difficile de faire confiance.
    2. Fais effort : menant plusieurs projets de front sans vraiment se fixer de priorités, ce manager peine à aller jusqu’au bout car il risquerait de perdre l’occasion de montrer à son entourage à quel point il travaille. Ses collaborateurs, quant à eux, ont du mal à suivre ce rythme décousu.
    3. Dépêche-toi : ce manager va avoir tendance à « confondre vitesse et précipitation ». Son goût pour la rapidité peut l’entraîner vers la procrastination, attendant la dernière minute pour travailler dans l’urgence.  A force de vouloir mener ses missions très rapidement, il peut manquer de discernement et aura du mal à communiquer auprès de ses équipes sur la vision et le sens.
    4. Fais plaisir : confondant « management participatif » et « management gentil », ce manager aura tendance à ne pas oser s’imposer quand il le faut. Il voudra faire plaisir à tout le monde, et ne saura pas trancher. Les recadrages lui poseront problème, et il pourra s’installer dans une attitude de fuite plutôt que d’affronter les situations difficiles.
    5. Sois fort : donnant l’impression que rien n’a d’impact sur lui, ce manager a une capacité de travail colossale, et attend des autres qu’il en soit de même.  Il est particulièrement démuni face à ses émotions et à celles de ses interlocuteurs. Il peut faire un bon « candidat » au burn-out.

Comment sortir de son ou ses messages contraignants ?

Tout d’abord, il faut noter que chaque message contraignant peut avoir des conséquences utiles :

    1. Sois parfait : sens de l’organisation, rigueur, fiabilité
    2. Fais effort : persévérance, opiniâtreté
    3. Dépêche-toi : rapidité, travail dans l’urgence
    4. Fais plaisir : flexibilité, adaptabilité
    5. Sois fort : résistance, capacité de travail

Ces qualités sont très prisées dans l’entreprise, et l’on trouvera fréquemment à des postes à responsabilité des personnes répondant à ces critères. Le problème réside, on l’a vu plus haut, dans le sentiment négatif et inhibiteur provoqué chez la personne par le message qui l’influence, et dans les problèmes relationnels qui peuvent en découler.

S’appuyer sur les aspects positifs ou les qualités découlant des messages ne suffit donc pas…

En fait, chaque message contraignant (non OK) peut être associé à un message « permissif » complémentaire (OK). La clé du changement réside donc dans la prise de conscience des directives négatives auxquelles on se soumet, et dans leur remplacement, ou tentative de remplacement, par les permissions qu’il sera bon de se donner.

Ainsi, on modifiera chacun des messages de la manière suivante :

    1. Sois parfait : « Tu as le droit de faire des erreurs et d’être toi-même »
    2. Fais effort : « Tu as le droit de te limiter, et de réussir »
    3. Dépêche-toi : « Tu as le droit de prendre ton temps »
    4. Fais plaisir : « Tu as le droit de te prendre en considération et de te respecter »
    5. Sois fort : « Tu as le droit de prendre en compte tes propres besoins, tes émotions »

En conclusion, l’utilisation du concept des messages contraignants dans un cadre professionnel, et notamment chez le manager, permettra de distinguer les effets pervers de ceux-ci afin de mettre en place une stratégie visant à les remplacer par des messages positifs. Cela, bien entendu, ne pourra se faire que sur une période relativement longue, car il sera difficile de se débarrasser du jour au lendemain du mini-scénario dans lequel on s’inscrit depuis l’enfance.

Références :
« Le mini-scénario » – Taibi Kahler et Hedges Capers – Les Classiques de l’Analyse Transactionnelle Volume 2
« Le triple moi » – Gysa Jaoui – Editions Robert Laffont
L’analyse transactionnelle – Alain Cardon, Vincent Lenhardt et Pierre Nicolas – Editions d’Organisation

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