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Management et positions de vie (Novembre 2013)

 

Le concept de Position de Vie, créé par Eric Berne, fondateur de l’Analyse Transactionnelle, repose sur le postulat suivant : chacun d’entre nous s’est forgé, dès son enfance, des croyances sur lui-même et sur le monde qui l’entoure, croyances qu’il va sans doute conserver tout au long de sa vie et que l’on peut résumer comme suit :

« Je suis OK ou je ne suis pas OK / Vous êtes OK ou vous n’êtes pas OK ».

Le mécanisme du concept

Le terme OK/NON OK estimant la valeur que chacun se donne à lui-même et celle qu’il donne aux autres, celle-ci peut être positive (symbolisée par un +) ou négative (symbolisée par un -).

Ainsi, si l’on combine les différentes possibilités, il y a quatre positions de vie :

  • Je suis OK / vous êtes OK (+/+)
  • Je suis OK / vous n’êtes pas OK (+/-)
  • Je ne suis pas OK / vous êtes OK (-/+)
  • Je ne suis pas OK / vous n’êtes pas OK (-/-)

habituellement représentées à travers le graphique suivant :

Mais comment donc se manifestent ces quatre Positions de Vie ?

  • La position +/+ : je me respecte et je respecte l’autre, je l’accepte tel qu’il est, j’ai conscience de ma valeur et de la sienne. Cela implique que je considère ce qu’il me dit, que je lui parle avec respect, que j’envisage notre rapport sous l’angle de la coopération et du partage.
  •  La position +/- : je pense que je vaux mieux que l’autre. Cela peut se manifester de deux façons différentes : soit je considère l’autre de manière condescendante « Mon pauvre, tu n’es pas capable d’y arriver, laisse je vais le faire à ta place » (Posture Parent Nourricier négatif – Voir la Lettre de Jean-Jacques TITON Consulting de janvier 2013, « Les Etats du Moi du Manager ») , soit je le considère d’une manière hautaine voire agressive « T’es trop nul, t’es un incapable, pousse-toi de là que je le fasse » ou « T’es trop nul, fais comme je te dis et pas autrement » (Posture Parent Normatif négatif). Dans les deux cas, il s’agit d’une attitude de dévalorisation ou de domination, voire d’arrogance vis-à-vis de l’autre.
  • La position -/+ : c’est une position qui se traduit par une dévalorisation de moi-même, l’autre ou les autres étant considérés comme valant beaucoup mieux ; ils y arrivent mieux, ils sont plus compétents, plus intelligents, plus…etc. C’est une position dépressive que Gysa Jaoui, dans son livre « Le triple Moi », résume ainsi : « Je ne vaux pas grand-chose, n’importe qui vaut plus que moi ».
  • La position -/- : j’ai une image de moi-même et du monde négative. Je me mets en retrait, j’ai l’impression d’être dans une impasse. À l’extrême, ce type de position peut amener vers le suicide ou l’asile.

Il est cependant important de noter que l’on distingue :

  • la Position de Vie existentielle, croyance profonde à laquelle on ne peut accéder que par un travail thérapeutique,
  • la Position de Vie sociale, observable à travers les comportements, et qui varie en fonction des situations, du niveau de stress, des personnes avec qui l’on est en relation, des enjeux, du degré de maîtrise… Celle-ci, fluctuante, impliquera qu’un individu se positionnera, selon les moments, plutôt dans l’une ou dans l’autre des Positions de Vie, tendance pouvant être schématisée à travers le « corrélogramme », qui mesure les fréquences à laquelle la personne se positionne dans l’une ou dans l’autre.

C’est sur cette Position de Vie sociale (« comportementale ») que nous allons porter maintenant notre attention.

La transposition dans le monde de l’entreprise

La Position de Vie mettant en lumière le positionnement de chacun vis-à-vis des autres, l’utilisation de ce concept est particulièrement intéressante pour analyser les interactions existant lorsque des personnes entrent en relation, en particulier au sein de l’entreprise.

A partir des travaux de Franklin Ernst, Prix Eric Berne pour son article communément intitulé «L’enclos OK », il est possible de positionner sur une matrice les différents comportements induits par chacune des Positions de Vie, résumés par des phrases-clés :

On comprendra aisément que la Position de Vie +/+ sera celle qui facilitera le travail en équipe et la coopération. Cependant, la Position de Vie sociale (comportementale) étant fluctuante, il est fréquent que celle-ci se combine avec d’autres Positions, le « +/+ » à 90% de son temps étant le niveau admis de manière générale comme permettant le meilleur résultat.

Pour aller encore plus loin, il est possible de détailler les attitudes résultant des différentes Positions de Vie, celles-ci pouvant varier fortement en fonction du degré de contrainte et de stress :

Plusieurs remarques induites par le schéma ci-dessus :

  • La Position de Vie +/+ est, en effet, celle qui permet de mettre en place un mode de management dit « participatif », avec, au mieux, le partage et l’atteinte d’une vision commune.
  • Les Positions de Vie +/- ou -/+ sont fréquemment rencontrées dans l’entreprise, à condition qu’elles se situent à un niveau « acceptable » (le seuil étant variable d’une structure à l’autre). Le mode de fonctionnement +/- versus -/+, est, par exemple, très coutumier dans les structures très hiérarchisées, donnant peu de place à l’autonomie et fonctionnant sur le mode donneur d’ordres/exécutants ou dominants/dominés. Le problème sera plus épineux par exemple lorsque deux « +/- » se rencontrent (jeux de pouvoir, conflits, « guerres de chef »)
  • La Position de Vie -/- est celle qui est très vite perçue comme posant problème : à la personne elle-même avant tout, mais aussi à la structure qui pourra rarement se contenter de l’immobilisme qu’elle induit, même à son plus faible niveau.

Pour résumer, les interactions possibles sont les suivantes :

En conclusion, si l’on transpose la théorie au monde de l’entreprise, le manager dont la Position de Vie +/+ est à un niveau important sera, certes, bien armé pour créer et fédérer une équipe performante et solidaire, mais devra constamment prendre en compte des collaborateurs aux positionnements variables, et adapter non sa posture, mais la manière dont il la met en œuvre, en fonction de celle de ses interlocuteurs.

Sources :
Eric Berne – Que dites-vous après avoir dit bonjour ? – Editions Tchou
Franklin Ernst – L’Enclos OK : une grille pour « aller de l’avant avec l’autre » – Classiques de l’Analyse Transactionnelle, Volume 1
Gisa Jaoui – Le triple Moi – Editions Robert Laffont

 

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