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Personnalité, caractère, identité, attitude, comportement… Une nécessaire clarification !

En cette période où les « Fêtes » s’annoncent et où l’année nouvelle se profile, le moment est souvent propice à ce qu’il convient d’appeler « les bonnes résolutions ». Généralement fondées sur une vision meilleure voire idéale de ce que nous souhaiterions être ou devenir, elles engagent notre construction psychique sur un chemin complexe qui nous conduit vers une perception de la réalité telle que « vue de notre fenêtre » ! Une grande question se pose alors à nous : quelle est la nature de mes attentes en regard de ces résolutions certes pour moi, mais aussi (et souvent surtout) pour l’image que j’imagine donner aux autres en lecture de ce que je crois être leur demande à mon endroit ? Dans ces conditions, si évolution il doit y avoir (les fameuse bonnes résolutions), quelle partie de moi doit être mise à contribution ? Sur quel paramètre dois-je (ou puis-je) agir ?

Ces quelques lignes introduisent plusieurs thématiques sur lesquelles nous sommes régulièrement questionnés et qui appellent, à la lumière de quelques concepts clés, une clarification.

On appelle personnalité la structure organisée, stable dans le temps et cohérente du rapport au monde d’un individu. Nous reviendrons sur cette notion dans nos publications suivantes.

On nomme caractère (du grec « signe gravé ») l’ensemble des dispositions apparemment innées dont est doté l’enfant dès son plus jeune âge.

L’identité est un concept distinct de celui de la personnalité dans la mesure où il n’est pas utilisé dans les mêmes circonstances. La personnalité sert à cerner les caractéristiques de la personne de l’extérieur, tandis que l’identité concerne la manière dont la personne elle-même se définit et se reconnaît. La constitution de l’identité relève d’une différenciation de l’individu par rapport aux autres et de sa « conservation » par-delà l’évolution de son histoire.
Au fur et à mesure de son existence, l’individu constitue et confirme son identité, composée de multiples éléments :

  • des éléments corporels, biologiques et physiologiques qui relèvent de l’espèce humaine, et qui conditionnent ses apparences, ses potentialités physiques, intellectuelles ;
  • des éléments culturels historiques : origines, histoire, système de valeurs, motivation, intérêts ;
  • des éléments cognitifs multiples : compétences particulières, aptitudes, connaissances.

L’identité se développe ainsi toute la vie durant, et n’est pas constituée une fois pour toutes. Elle est issue non seulement de la personnalité mais aussi des interactions sociales. Elle est confortée ou modifiée par l’image que renvoient les autres. Cette personnalité et cette identité vont contribuer à former et renforcer des attitudes qui constituent autant de dispositions à agir. La traduction en comportements pourra s’opérer en conséquence.

L’attitude, contrairement à l’usage courant du mot, se définit comme un état mental prédisposant à agir d’une certaine manière, face à un objet particulier. Il s’agit d’une construction hypothétique, élaborée pour rendre compte d’une structure relativement stable chez l’individu, relevant de sa personnalité et de son identité. Elle repose sur trois composantes structurelles qui interfèrent :

  • L’une, cognitive, renvoie aux perceptions, aux croyances, aux représentations d’un individu concernant des « objets » au sens large, qui peuvent comprendre aussi bien des situations que des personnes. Elle correspond à une expérience privée reposant sur un substrat neurobiologique.
  • Une autre, affective, concerne les phénomènes socio-émotionnels éprouvés en réponse aux stimuli internes et externes. Par exemple, ils s’expriment par une attraction ou un rejet : « j’aime ou je n’aime pas », « je suis pour ou je suis contre ».
  • Une dernière enfin, opératoire, souvent décrite comme une prédisposition à l’action, qui correspond à une intention d’agir, un signe avant-coureur de nos comportements, le moteur qui donne une direction aux actions menées.

L’attitude assume quatre fonctions essentielles : l’une de connaissance (ou épistémique), une autre adaptative (d’ajustement social), une autre fonction est dite expressive (expression des valeurs) et enfin, la dernière exerce une fonction de défense de soi.
Les attitudes d’une personne ne sont pas toujours clairement identifiables, ni par elle-même, ni par autrui. Pour les appréhender, elles nécessitent bien souvent une conduite de détour. Les spécialistes des études de marché peuvent poser, par exemple, des questions indirectes aux prospects sollicités, leur permettant ainsi de livrer leur opinion, révélatrices de leur attitude, sans risque d’implication excessive. Des enquêteurs peuvent mesurer des attitudes en présentant un choix de réponses à une question sur une échelle numérique graduée, dite échelle de Likert.

Le comportement, c’est ce que les autres observent chez un individu. Au sens large, ce concept renvoie aux activités d’un organisme qui peuvent être observées par un autre organisme, ou enregistrées par les instruments d’un expérimentateur. Pour l’école behavioriste, le comportement d’un individu s’inscrit dans le schéma «stimulus/réponse». Il est le résultat des réponses que l’individu a apprises sous l’influence de stimuli variés. C’est le fruit à la fois des contraintes extérieures fortuites et des renforcements provoqués par l’éducation (avec les multiples conditionnements sociaux qui l’accompagnent).
Si l’individu est cohérent, son attitude (qui sert de stimulus) et son comportement (qui correspond à la réponse) se situent dans une relation de cause à effet directe que l’on peut prévoir. Mais seules les fortes personnalités font ce qu’elles disent et disent ce qu’elles font en toute occasion, au risque d’affronter les tensions qu’elles ne manquent pas de rencontrer ou même de susciter auprès de leurs interlocuteurs moins structurés et plus contradictoires.
Pour évoquer le destin de gens plus « ordinaires », prenons l’exemple d’un individu qui croit aux vertus stimulantes du café, qui aime le café, qui affirme son goût prononcé pour cette boisson, et qui en consomme réellement et fréquemment. On a affaire à un « bon consommateur », entièrement acquis au produit et prévisible en ce qui concerne son comportement relatif à cet univers particulier. Mais cette chaîne logique peut être contrariée si des pressions extérieures interfèrent dans une situation particulière, obligeant l’individu à infléchir son comportement volontaire, à en adopter un autre sensiblement modifié, sous l’effet par exemple de contraintes matérielles ou économiques, ou même sociales telles que les convenances, les bienséances, la peur du jugement d’autrui, la crainte de déplaire à ses interlocuteurs. Le comportement, ainsi détourné, ne traduit pas fidèlement les valeurs ni les croyances profondes qui sous-tendent les attitudes de la personne. Celle-ci, sous l’effet des contraintes, les dissimule ou ne les exprime pas, préférant composer avec les éléments extérieurs qui prennent alors le pas, dans le comportement affiché, sur ses attitudes et les convictions profondes qui les sous-tendent. Il est même permis d’émettre l’hypothèse que l’individu, tiraillé par ses contradictions entre attitudes et comportement notamment, se trouve souvent en état de « dissonance cognitive », alors même qu’il aspire à la « consonance », et au confort d’un état cohérent et non conflictuel. Pour résoudre ce conflit intérieur, il met en place des stratagèmes qui consistent essentiellement à rationaliser ses conduites a posteriori ou à infléchir ses attitudes pour les mettre en conformité a posteriori avec ses comportements. Les changements d’attitudes et de comportements feront l’objet d’un développement ultérieur.

L’individu voit le monde de sa fenêtre et sa perception interfère dans l’action entreprise. Il perçoit une situation ou plus généralement un objet compte tenu des caractéristiques de cet objet et de ses propres caractéristiques, qu’il s’agisse de ses capacités physiques ou de ses attitudes vis-à-vis de cet objet. Il va se forger une attitude vis-à-vis de la situation, en fonction de sa personnalité et de la façon dont il perçoit cette situation. On voit la complexité du système. On se rend compte de la difficulté de comprendre l’origine réelle des comportements individuels observables, puisque ce schéma montre des interactions à double sens. Pourtant, il est indispensable pour un manager de se doter de modèles de compréhension du fonctionnement de ses principaux interlocuteurs, qu’ils soient clients, fournisseurs ou collaborateurs par exemple, s’il veut mettre en place des politiques efficaces. Ces différents modèles feront l’objet de nos prochains numéros.

Très bonnes fêtes de fin d’année à tous et rendez-vous en 2016 !

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