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Plaisir, vous avez dit plaisir ? – 2ème Partie – (Janvier 2014)

 

Remarquablement les processus qui empêchent l’adaptation et ceux qui l’accélèrent partagent un certain nombre de propriétés. En effet, il apparaît que les mêmes mécanismes vont contrecarrer l’adaptation aux circonstances positives et négatives, ce qui indique que les individus devraient chercher à apprendre comment maximiser ces mécanismes dans le domaine positif et comment les minimiser dans la sphère négative.

LA PREMIÈRE PROPRIÉTÉ DE L’ÉVITEMENT DE L’ADAPTATION CONCERNE L’ATTENTION

La deuxième et la troisième concernent des propriétés de l’expérience : les types d’expériences, tant agréables que désagréables, qui maintiennent au mieux l’attention sont ceux qui sont variés et dynamiques, nouveaux et surprenants.

Bien que certaines propriétés interagissent sans doute entre elles, nous les décrivons ci-dessous séparément.

1- CAPTER L’ATTENTION

Si une chose, un attribut, une personne ou une idée ne capte plus l’attention, on peut considérer qu’il y a eu adaptation à cette chose. En revanche, tout objet qui continue à capter l’attention, c’est à dire tout objet auquel les personnes continuent à être attentives, sera moins propice à l’adaptation hédonique (voir Lettre de décembre 2013). A titre d’exemple, les propriétaires de berlines de luxe ne sont pas plus heureux pendant des voyages en voiture que les propriétaires de modèles compacts à deux portes, sauf à considérer que les caractéristiques de leur voiture occupent leur esprit pendant qu’ils conduisent…Les individus qui continuent à prêter attention à un changement positif d’activité dans leur vie auront moins tendance à s’y adapter. De manière similaire, les individus qui ont perdu un proche éprouvent de la tristesse chaque fois que leur attention se porte sur leur perte. Ainsi et par récurrence, les activités et processus qui possèdent la capacité de capter l’attention empêchent l’adaptation.

2- GENERER DYNAMISME ET VARIETE

Contrairement aux changements accessoires, le fait de se concentrer sur des choses « joyeuses » produit une fascination continue, un sentiment de défi et un épanouissement, comme le plaisir de moments partagés entre amis ou la vision de magnifiques paysages. Les prétendus plaisirs qui délivrent une satisfaction partielle et intermittente (plutôt que continue) peuvent être rapprochés des activités intentionnelles dans lesquelles s’engagent les individus pour éviter ou ralentir l’adaptation dans le domaine positif. De telles activités ont en commun leur caractère dynamique et épisodique et possèdent donc l’attribut critique consistant à apporter des expériences changeantes et dynamiques. Bien sûr, dans leur application au domaine négatif, ce sont précisément à ces changements de vie négatifs entraînant des événements négatifs variés et intermittents que les individus auront le plus de mal à s’adapter.

Dans cette même idée, Sheldon et Lyubomirsky ont montré que les étudiants rapportaient que les changements positifs au niveau de leurs activités dynamiques ( par exemple, le fait de décider d’étudier plus assidûment ou de cultiver une amitié) étaient des « variables » et qu’ils tendaient moins à s’y « habituer », en comparaison des changements positifs au niveau de leur contexte (obtenir un logement plus confortable, disposer d’une aisance financière plus conséquente,..). Comme ces études le suggèrent, les expériences qui sont variables et dynamiques peuvent inhiber l’adaptation. Une activité qui est pratiquée en y incorporant une certaine variété (ou un changement de vie qui apporte naturellement de la variété) est davantage susceptible d’être épanouissante et appréciée au cours du temps et, par voie de conséquence, moins sujette à l’adaptation hédonique.

3- INTRODUIRE DES ELEMENTS NEUFS ET SURPRENANTS

Un nouveau canapé, beau et confortable, peut apporter des heures de satisfaction à son acquéreur, mais la nouveauté s’amenuise et le canapé ne réserve plus ou peu de surprise pour son occupant. La même chose ne peut pas se dire aussi aisément d’un nouvel ami, d’un nouvel amour… ou d’une nouvelle carrière ! Les relations, le travail et de nombreuses activités apportent souvent des expériences inédites comme des opportunités étonnantes susceptibles de capter l’attention des personnes en suscitant ainsi fréquemment l’évocation de souvenirs, de pensées à vocation stimulante. Ainsi, les activités qui seront les plus efficaces pour réduite l’adaptation sont celles qui génèrent des moments nouveaux et inattendus (et donc variés) qui tendent à faire émerger des réactions émotionnelles (plutôt) fortes.

4- VERS UN FLUX D’EMOTIONS ET D’EVENEMENTS

Lorsque le processus concerne le domaine positif, toutes les caractéristiques des stratégies d’empêchement de l’adaptation décrites ci-dessus semblent avoir pour conséquence la création (ou le maintien) d’un flux persistant d’événements, de pensées et d’émotions positifs. Après un changement positif, de telles stratégies tendront dons à produire chez l’individu une hausse appréciable du niveau de « bonheur », le maintenant dans le partie haute de son potentiel de ce même bonheur. En ce qui concerne le domaine négatif cependant, ces stresseurs (contretemps, traumas,…) qyu suscitent l’attention et la rumination – et qui continuent à varier et à surprendre – sont précisément ceux qui sont susceptibles de générer un affux d’émotions, de pensées et d’événements négatifs.

Par conséquent, si des individus connaissent une diminution de leur bien-être après de tels bouleversements, le flux d’événements négatifs maintiendra cette diminution, en maintenant ces personnes dans la partie basse de leur potentiel de « bonheur ».

Nous laisserons le soin à nos lecteurs d’adapter ces considérations à leur pratique managériale ; il va de soi que les passerelles apparaissent comme évidentes lorsque l’on évoque, en particulier, des thèmes tels que motivation et engagement !
Une ultime remarque s’impose : n’oublions jamais la place centrale qu’occupent les émotions dans notre identité psychique ; c’est grâce à elles (ou peut-être à cause d’elles ?) que la tonalité de l’individu au travail peut se développer mais aussi osciller entre le positif et le négatif. Outre notre capacité à entendre les aspirations de nos collaborateurs (entre autres, les trois propriétés décrites dans ces lignes), restons vigilants quant aux résonances affectives qui se manifestent ; elles font… ou défont souvent la générosité de l’acte professionnel.

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