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Plaisir, vous avez dit plaisir ? (Décembre 2013)

Les fins d’année sont généralement synonymes de réjouissances, de fêtes et autres distractions desquelles la notion de plaisir tente d’être le thème central.

Sans vouloir apporter une note « sombre » à la période qui s’annonce, profitons de celle-ci pour nous interroger sur un processus qui dépasse très largement les seuls moments actuels et qui influe non sur le cours de notre existence personnelle et professionnelle, mais beaucoup plus sur notre manière de l’appréhender… Alors qu’il est finalement courant d’entendre un appel à minimiser les difficultés de notre cheminement (« Ce n’est pas si grave ! », « Il y a plus malheureux que nous ! », etc.) et donc à s’adapter à ces mêmes difficultés, sachons que nous nous adaptons également (sans sollicitation particulière cette fois) au positif, au bien-être,…au plaisir !

Ce phénomème, connu sous le nom « d’adaptation hédonique », est récemment devenu un sujet controversé parmi les psychologues et les économistes. Le modèle d’adaptation hédonique aux expériences positives et négatives (HEDONIC ADAPTATION TO POSITIVE AND NEGATIVE EXPERIENCES [HAPNE] ; LYUBOMIRSKY, 2011) démontre que l’adaptation se produit en suivant deux voies distinctes, de telle sorte que les hausses ou les baisses initiales du bien-être correspondant à des changements de vie positifs ou négatifs (à titre d’exemple, nouvelle rencontre ou rupture amoureuses) s’érodent avec le temps. Selon la première voie, le flux d’émotions positives ou négatives découlant des changements de vie peut diminuer au cours du temps, ramenant les niveaux de bonheur des individus à leur valeur type. La deuxième voie, moins intuitive, précise que le flux d’évenements positifs ou négatifs liés aux changements de vie peut modifier les attentes des individus concernant le caractère positif (ou négatif) de leur vie, de telle sorte que l’individu tient simplement pour acquises les circonstances qui auparavant le rendaient heureux ou « s’endurcit » vis à vis des conditions qui autrefois le rendaient malheureux.

IMPLICATIONS DE L’ADAPTATION HEDONIQUE AUX EVENEMENTS POSITIFS OU NEGATIFS

Si le désir de bonheur existe depuis l’Antiquité, sa poursuite est plus vigoureuse que jamais dans la société contemporaine. Arguons qu’une adaptation hédonique relativement rapide et complète aux événements positifs et à l’amélioration des circonstances de vie constitue l’un des obstacles les plus conséquents à l’augmentation et au maintien du bonheur. En effet, si un individu s’adapte à tout ce qui est positif, alors peu importe les expériences palpitantes, significatives voire merveilleuses qui l’attendent, celles-ci ne le rendront pas plus heureux, mais, au contraire, risquent de le porter à acquérir toujours plus de choses nouvelles et « épatantes » (au sens étymologique du terme) et de le placer sur un « tapis roulant hédonique ». Une bonne nouvelle cependant : les individus semblent avoir la capacité de contrôler la vitesse et le degré d’adaptation au travers de leurs activités intentionnelles. Trois types de données laissent penser que de telles pratiques peuvent réussir : les premières montrent que le bonheur peut s’accoître de manière durable, les deuxièmes indiquent que la qualité et la rapidité d’adaptation aux événements positifs sont variables d’une personne à l’autre, et les troisièmes démontrent que des activités qui réduisent spécifiquement l’adaptation peuvent renforcer le bonheur.

La situation psychologique à laquelle se confronte un individu dans le domaine négatif est radicalement différente. Pour préserver le bien-être et amener le bon ajustement émotionnel, les personnes confrontées à des situations aversives, menaçantes ou traumatiques doivent retrouver leur « soi » antérieur, tel qu’il était avant que l’événement ne se produise, et ce afin d’accélérer l’adaptation.

Une littérature conséquente s’est constituée au sujet des processus qui sous-tendent la capacité de faire face (nous parlons du coping, c’est à dire de la manière dont les individus gèrent les contraintes stressantes ou ce qu’ils font pour alléger la détresse provoquée par une situation ou un événement négatifs).

Si le coping est une étiquette générale permettant de qualifier la façon dont les personnes peuvent accélérer leur adaptation dans le domaine négatif, les leçons apprises de l’observation de personnes qui évitent l’adaptation aux expériences positives peuvent être utilisées afin d’accélérer l’adaptation aux expériences négatives.

Notre prochaine Lettre permettra d’approcher, en interaction avec la dimension managériale, les mécanismes permettant de contrer ou d’accélérer le phénomène d’adaptation.

En attendant, bonnes Fêtes à tous et à l’année prochaine !

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