Pour en
savoir
plus...

TITON Consulting contact

Qu’est-ce que le Leadership ? (Avril 2010)

Définition

Le mot « leadership » vient de l’anglais « leader », le chef (désigné par ses pairs) d’un parti politique en Grande-Bretagne, et du suffixe : « ship ». « Leader » a été introduit dans la langue française au XIXe siècle par Chateaubriand, qui a omis de le franciser.

D’une manière générale, le « leadership » peut être défini comme « la capacité d’un individu à influencer, à motiver, et à rendre les autres capables de contribuer à l’efficacité et au succès des organisations dont ils sont membres » [1]. Il désigne les comportements que l’on peut reconnaître à celui qui assure la « fonction du leader ».

Manifestation du leadership

Le leadership définit, au sein d’un groupe ou d’une collectivité, la relation de confiance qui s’établit entre un individu et la majorité des membres de ce groupe ou de cette collectivité dans la poursuite d’un objectif partagé.

Cette relation est temporaire, parfois éphémère et réciproque voire synallagmatique (le leader doit autant avoir confiance dans le groupe que la majorité du groupe a confiance en lui) ; elle prend naissance par une élection formelle ou informelle, explicite ou implicite, au cours de laquelle la majorité des membres du groupe reconnaît un des leurs comme le leader légitime et lui délègue leur pouvoir (leur liberté) de décision. Elle se manifeste par la capacité du « leader » à fédérer et à mobiliser les énergies autour d’une action collective

Pour le psychologue américain contemporain Robert Sternberg, le leadership et la créativité sont intimement liés. D’une part, la créativité est une forme de leadership et, d’autre part, une des composantes du leadership est la créativité. Dans cette hypothèse : le leadership est une gestion créative.

Le leadership peut aussi s’appréhender comme la capacité à créer un Monde auquel les autres veulent appartenir. Cette approche s’appuie sur les travaux des chercheurs Boltanski et Thévenot sur la théorie des Mondes. Le leadership est alors la capacité à diagnostiquer et comprendre le Monde actuel, à concevoir et incarner le Monde voulu et enfin à construire les passerelles pour que les autres acteurs rejoignent ce Monde voulu.

Caractéristiques des leaders

Plusieurs typologies identitaires peuvent exister :

    • une personne qui a une autorité publique (un Chef d’Etat par exemple 2)
    • une personne qui a une fonction ou un emploi associé à une expertise, compétence, ou expérience, comme un leader d’équipe sportive, un capitaine de bateau, un ingénieur en « chef », un parent, …
    • une personne (ou un groupe) qui est pionnière d’une tendance ou d’un mouvement, tels ceux qui lancent de nouvelles « modes »,
    • un groupe de personnes respectées, (appelé « groupe de référence » par les sociologues) comme les commentateurs économiques ou les porte-paroles syndicaux.

Par ailleurs, on peut distinguer plusieurs types de postures chez le leader :

    • le leader de comportement (centré sur les relations avec les collaborateurs, la confiance et le respect), et le leader d’action (centré sur la réalisation de missions concrètes ou de tâches) ; notons qu’un leader n’est pas l’un ou l’autre mais tend plus vers l’une de ces dimensions (dichotomie proposée par Fiedler),
    • le leader de droit dont l’autorité est fondée sur son statut et la possibilité qui lui est reconnue d’exercer des incitations ou des sanctions  (le « patron », le chef, le capitaine,…) et le leader de fait dont l’autorité est fondée sur un ascendant particulier, un prestige exceptionnel. Ce type de leadership peut découler de la personnalité, des qualités personnelles du leader. Dans ce cas, il émerge du groupe au sein duquel il joue un rôle influent. Il est écouté de tous, sans, pour autant,  avoir été nommé officiellement

Enfin, on peut catégoriser l’exercice du leadership comme réel ou potentiel :

    • réel : affirmation d’une orientation ou d’une direction, comme dans la phrase « le Président  a su montrer un leadership incontestable »
    • potentiel : émergence d’une capacité de diriger, comme dans la phrase « elle pourrait exercer un leadership efficace » ou dans le concept « né pour diriger ».

Un « leader » …et des « suiveurs »

Mais pour qu’il y ait un leader, il convient de trouver des suiveurs … Ce terme ne doit pas être connoté négativement (comme il l’est trop souvent) ; le suiveur est celui qui accepte le leadership d’un d’autre en exprimant sa valeur ajoutée dans le respect effectif parce que volontaire, du leader ; en revanche, l’on ne peut nier l’existence de « suiveurs » dénués de tout sens critique à l’égard du leader et en proie à des schémas utopiques (croyances)  quant aux attentes énoncées par ce dernier.  

Sur la base de la profonde et indispensable indépendance de choix qui fonde la liberté, les stratégies personnelles dont on peut user pour se protéger contre des attentes irréalistes liées à ces croyances sont les suivantes :

    • maintien d’une attitude de questionnement voire de scepticisme,
    • accroissement de  la confiance dans ses propres capacités de décision.
    • vérification rationnelle et rigoureuse des assertions de la « doctrine » du leader.

En résumé,

Il convient de noter que, quel que soit son statut, le leadership n’est efficace que s’il réunit trois conditions :

    • Il est reconnu et accepté
    • Il sait s’adapter à son groupe
    • Il a une influence directe (participation au travail collectif) et indirecte (initiation, encouragement, …).

Notre précédente lettre définissait les principes généraux du leadership ; les réflexions suivantes ancrent cette définition dans une approche plus opérationnelle et distinguent, après les avoir qualifiées, les postures qui peuvent permettre d’affirmer, dans l’entreprise, le rôle de celles et ceux dont la fonction « impose » qu’ils montrent la voie …

Leadership individuel ou de groupe

Le leadership peut venir d’un individu, d’un groupe de personnes ou même de caractéristiques désincarnées — si ce n’est mystiques — d’une figure célèbre (en cela, il est possible d’oser la comparaison avec le « héros »). Cependant, il existe d’autres usages du mot leadership sans qu’il y ait un leadership actif, mais auquel des suiveurs montrent un grand respect (souvent issu de la tradition illustrée par exemple par le titre de politesse révérend).

Les suiveurs attribuent souvent au leader un statut ou un prestige. À côté du prestige, rôle accordé quelquefois aux leaders d’opinion, l’usage du terme leadership peut être utilisé pour caractériser l’influence entre compétiteurs, par exemple au sein d’une entreprise ou sur un marché économique ou technique, sans qu’il y ait permanence du leadership. Il peut y avoir un leadership situationnel ou occasionnel. Ainsi, l’on peut apporter une distinction importante entre être dans le commandement et le processus de leadership. Le leadership implique une relation de pouvoir — le pouvoir de diriger les autres à un moment donné ou dans des circonstances précises.

Les postures du leader

1° Capter l’attention de l’entourage

Le charisme du leader est important même si cet aspect n’entre pas, de facto, dans les compétences du « manager ». Le leader doit réussir à « attirer » les collaborateurs. Il sait donc parfaitement quels sont ses objectifs, comment il va les atteindre et comment il va les faire partager.

2° Communiquer l’essentiel

S’il est conscient de ses objectifs, le leader sait  également comment les exprimer clairement. Il est essentiel qu’il partage sa vision et le sens de ce qu’il faudra mettre en place. Les membres de son équipe doivent non seulement connaître le « comment », mais aussi le « pour quoi », le « qui », le « quoi » et le « quand » du projet. Le leader combine faits, concepts et images et leur donne une signification qui peut être perçue, partagée par les différentes personnes concernées. Il peut ainsi entretenir la clarté de la démarche et, par là même, la confiance des équipes et des individus.

3° Se maîtriser

Le leader a ses propres atouts, les exploite et les maîtrise. Il perçoit tout ce qui ne va pas comme une source d’apprentissage, une leçon à tirer. Il ne craint pas les critiques mais, au contraire, met ses expériences à profit pour améliorer son style de leadership et favoriser la réussite des objectifs poursuivis en commun.

4° Percevoir et écouter

Un leader efficace est appelé à constamment décoder son environnement autant interne qu’externe. Il donne à chaque membre de son équipe la possibilité de communiquer volontairement (c’est-à-dire sans manipulation) ses idées, ses pensées… Il identifie les besoins et les attentes personnels de chaque membre de l’équipe ainsi que les besoins et les attentes de l’équipe dans son ensemble. Le leader tient compte des ressources et de l’énergie disponible. Il accompagne le groupe dans sa définition identitaire et dans la réalisation des missions partagées.

5° Partager et prendre les (bonnes ?) décisions

Sans être nécessairement un « visionnaire », le leader envisage l’avenir avec lucidité et ambition ; il transmet sa vision de manière rationnelle et concrète ; il rejette l’utopie et les faux espoirs mais assoit les perspectives envisagées sur une dynamique prospective et porteuse de sens pour tous ; il sait comment motiver, orienter et soutenir les membres de l’équipe grâce à son efficacité au delà des difficultés ou des obstacles qui ne manqueront pas de surgir. Le leader ne mobilise jamais les individus par la contrainte. Il prend les décisions qui s’imposent et les concrétise après avoir consulté les membres de l’équipe. Au plus ces derniers pourront participer à la prise de décision, au plus ils seront impliqués, engagés, montrant ainsi une réelle volonté d’appartenance. Cette démarche permet également de créer un climat positif générant ainsi l’unité, la cohésion dans le but d’optimiser les orientations prises et les résultats qui ne manqueront pas de les conclure.

6° Motiver

Le leader crée une ambiance qui sait répondre aux besoins et aux attentes du groupe. Il est donc essentiel pour lui de comprendre et d’agir sur les leviers de motivation des membres de l’équipe. Ces derniers, percevant que leur réalité (leur identité) humaine et professionnelle est prise en compte, développeront alors un sentiment réel de coopération individuelle et collective. Précisons, pour être tout à fait concret, que ce que l’on appelle « l’ambiance de travail » constitue, sans bien évidemment être le seul, un axe fort de ce processus.

7° Résoudre les conflits …

Le leader joue également un rôle de médiateur dans la résolution de conflits ; il rationnalise les arguments opposés, il favorise le débat constructif et tend vers le consensus ; comme évoqué plus, haut, il écoute et ordonne les propos en tentant d’appréhender, pour mieux les intégrer et les apaiser, les structures émotionnelles en présence ; il conserve une « mi-distance » propice à une évolution favorable du conflit dans un objectif gagnant / gagnant. Il peut (et doit aussi) parfois prendre une position d’arbitre en veillant au respect des individus dans l’expression de leur conviction mais en gardant toujours, en finalité ultime, l’intérêt collectif tel que demandé par la structure. 

Le « bon » leader existe-t-il vraiment ? Au-delà des axes rapidement évoqués ici, convenons que les deux piliers du leadership demeurent la cohérence illustrée par l’expression « sois toi-même » qui veut que tout responsable fasse montre d’une unité presque infaillible pensées / paroles / actes, et le sens sans lequel il n’est pas possible de mettre en mouvement la dynamique humaine.   

  1. John Adair , « Great Leaders » – Talbot Adair Press 2004 ; page 15
  2. Les harangues de Jules César, dans La guerre des Gaules en sont un exemple et, plus proche de nous, celles d’Hitler

Ils nous font confiance