L’incertitude est une composante essentielle de nos destins individuels et collectifs. La nier, c’est ouvrir la voie de la confrontation idéologique, chacun défendant ses certitudes, absolus remparts face à la peur de la contradiction. C’est aussi s’affaiblir face au réel, lorsque l’instabilité de celui-ci s’impose à nos destins, nous rendant impuissants, en proie au désespoir de voir s’effondrer les murs qu’on s’était patiemment bâtis.
Nos sociétés se croyaient entrées dans l’ère de la connaissance. Nourries par les avancées technologiques et scientifiques, l’époque a cru à la fin de l’Histoire, aux pleins pouvoirs d’une rationalité qui ferait taire le risque. Le surgissement d’une pandémie à l’échelle mondiale ébranle ce paradigme, nous plonge dans un état de sidération que l’illusion de la modernité peut expliquer.
Face à l’incertitude structurelle du monde que l’épidémie nous rappelle avec violence, l’exercice du pouvoir, qu’il soit politique, économique, managérial, ne devrait pas céder aux sirènes de l’urgence. Or, force est de constater que la gestion de la crise actuelle se lance, au contraire et dans de nombreux domaines, dans une surenchère de mesures, parfois contradictoires, navigant à vue dans l’incertain tout en lui donnant l’habit du nécessaire. Produire des certitudes temporaires plutôt que d’accepter qu’un phénomène nouveau a surgi sous les traits d’une épidémie, et que, entre autres, son issue dépend du développement d’un vaccin s’inscrit dans le temps long de la certitude scientifique, ajoute l’angoisse à l’incertitude.
Face à nos peurs, c’est aussi l’ambivalence de notre aspiration au certain qui est mise à mal. La quête du savoir peut ainsi tomber dans une « pathologie » à laquelle notre époque nous confronte brutalement. Peut-on espérer croître dans l’instabilité du monde ?
Ne pouvons-nous pas tirer de ces réflexions quelques enseignements quant à la fragilité de nos discours et de nos postures managériales ? N’aurions-nous pas intérêt, forts de l’expérience que nous sommes en train de vivre collectivement, à revisiter tout ou partie de notre perception mais aussi de les représentations que nous nous forgeons de notre mission ? Ne serait-il pas essentiel de (re) situer la prospective de ladite mission à la lumière de ce nouveau paradigme ?
Il est parfois (souvent ?) utile, selon nous et même si la pression de l’immédiateté nous soustrait souvent aux bienfaits de cette ouverture, de situer notre « quotidien » professionnel dans un champ de réflexion plus large, plus générique, peut-être plus conceptuel ; notre thème du mois répond à cette vocation ! N’hésitez pas à réagir et à nous faire part de vos avis et commentaires.
Très belles fêtes de fin d’année à tous.
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