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Le bilan de compétences : un outil au service de l’identité professionnelle – 2ème Partie (Novembre 2012)

 

 

Après avoir « planté le décor » du bilan de compétences dans notre numéro précédent, arrêtons-nous sur un aspect de la démarche qu’il convient d’évoquer étant noté que les ouvrages spécialisés sur la question ne sont pas prolixes en la matière : nous parlons ici de la notion de posture tant en ce qui concerne le bénéficiaire du bilan qu’en regard du consultant qui l’accompagne.

La relative discrétion éditoriale soulignée ici, dont on peut penser qu’elle veut préserver les secrets de fabrication de telle ou telle officine ou de tel ou tel théoricien du sujet, n’est, selon nous, pas de mise ! En effet, comme toute relation d’aide ou d’accompagnement, l’alliance entre les deux parties (bénéficiaire/consultant) est une condition sine qua non de la qualité de la démarche, alliance sans laquelle les résultats attendus ne seront pas au rendez-vous, voire généreront des effets totalement contreproductifs…. L’alliance en question est d’abord fondée sur une clarification partagée des rôles de chacun mais surtout sur leur application concrète et sincère tout au long de la démarche ; c’est donc vers l’alignement nécessaire entre le contrat (la clarification des rôles et le scénario arrêté en commun) et la posture (le comportement de chacun) qu’il nous faut tendre.   

Ce n’est pas là le moindre des défis que nous est lancé puisque :

  • Le bénéficiaire doit accepter le « contrat de transparence » grâce auquel il va livrer ce qui doit être apporté, ceci pouvant être parfois douloureux,
  • Le consultant doit encourager avec bienveillance cette production tout en gardant la mi-distance nécessaire pour ne pas entrer dans une attitude parasite (sauveteur, censeur, etc.) et demeurer dans la plus grande objectivité en regard de ce qui est avancé.

Ajoutons également l’émergence d’un certain paradoxe puisqu’il est nécessaire de guider le bénéficiaire … vers une plus grande autonomie ; la formulation ici proposée montre, dans son seul énoncé, la complexité du phénomène ! 

Revenons donc aux fondamentaux de l’accompagnement et parlons, comme nous le faisons dans le cadre du coaching, de co-construction ; si le consultant est en charge du processus, c’est bel et bien au bénéficiaire que revient la « responsabilité » du contenu ; autrement formulé, il apporte la matière qu’il met en forme avec le concours du consultant.

Détaillons davantage notre propos.

 

1. La posture du consultant

  • Elle est fondée sur la bienveillance (l’accueil du bénéficiaire dans sa pleine identité, sans jugement, dans l’ouverture et dans une volonté d’alignement et d’alliance positive) ; restons vigilants quant à ce vocable dont la connotation parfois morale le voit souvent assimilé à la gentillesse … Pour reprendre, en le modifiant quelque peu,  le titre d’un ouvrage de Thomas D’ANSEMBOURG, « cessons d’être gentil, soyons vrai » ; la bienveillance n’est autre que l’accueil de la personne dans toute sa vérité, dans toute sa réalité ; l’accompagnant se doit donc d’être réceptif à cette vérité et d’en prôner, par sa posture, toute la valeur ;
  • Elle encourage la parole et sollicite l’imaginaire ; le principe même du projet professionnel demande (exige ?) une forme de liberté intellectuelle et émotionnelle de la part du bénéficiaire, qui est favorisée par l’ouverture que ce dernier s’accorde, s’autorise ; il est fréquent de rencontrer, chez celles et ceux que nous avons le plaisir d’accompagner, une sorte de rétention quant à l’expression de leur potentiel (le « je ne pas » de Jacques LACAN) ; il n’est pas question de céder à l’utopie mais de permettre une exploration large du champ des possibles ; que l’on se rassure : le rationnel reprend toujours ses « droits » par l’observation objective du cadre identitaire ; en revanche, il serait dangereux de poser ce cadre en préambule de toute investigation rendant celle-ci, par définition, souvent outrageusement limitée ;
  • Elle veille au respect du processus méthodologique qui constitue, c’est une évidence, l’une des clés de la valeur ajoutée de l’accompagnant ; comme nous l’avons souligné, c’est ici que réside la responsabilité de ce dernier ;  mais ne cédons pas à la tentation (facile et trop souvent rencontrée selon nous) de contraindre le fond au nom du respect de la forme ; si la structure du bilan a été, comme nous le savons, fixée par le législateur, considérons que le schéma ainsi défini doit se comprendre comme une référence à l’intérieur de laquelle les acteurs ont la possibilité de se mouvoir en relation avec les spécificités des individus, des situations et de l’environnement dans et avec lequel ces composantes interagissent ; autrement formulé, ne confondons pas l’outil et la finalité … Comme nous l’avons rappelé dans notre précédente lettre, seul le sens doit guider, certes sans transgression de la « loi », notre démarche ;
  • Elle favorise l’autonomie du bénéficiaire dans son cheminement et dans la validation des étapes qu’il franchit ; en cela, le consultant est un « fournisseur » de canne à pêche et non de poisson … C’est ici que réside l’une des façons de lever le paradoxe dont nous avons pointé l’existence dans les premières lignes de ce document ; c’est également en référence à cette métaphore qu’il faut restreindre l’idée du « guide » dont nous pouvons apprécier la portée limitée dans un tel processus ; il ne s’agit pas de montrer la route  (ou la voie, pour rester dans une cohérence montagnarde …) ; il convient de permettre au bénéficiaire de faire SES choix, de mettre en évidence SES options, d’en valider la pertinence ; le rôle du consultant est bel et bien de l’accompagner c’est-à-dire de marcher à ses côtés en veillant à sa stabilité, à la régularité de son pas et la sécurité de sa route … Il ne peut être question de le devancer !            

2. La posture du bénéficiaire

  • Il est et doit demeurer le « maitre d’ouvrage » de la démarche (sachant que le consultant n’en est « que » le maitre d’œuvre …) ; sachant qu’il est l’initiateur du processus (il a fait le choix de l’engager), il en porte, POUR LUI, la responsabilité ; si le consultant peut se voir investi d’une obligation de moyens, celle du bénéficiaire recouvre bel et bien la notion de résultat ;
  • Il est donc acteur du processus (et non  consommateur…) ; il nous est arrivé de rencontrer des salariés qui, au-delà de la question traditionnelle : « comment ça va se passer ? », assortissaient celle-ci d’une interrogation complémentaire : « avec quoi vais-je sortir ? » ; dans de telles circonstances, notre réponse est parfaitement claire : avec ce que vous nous aurez apporté ! Si le bilan de compétences est un droit légitime dont il est possible de se prévaloir, il ne peut être question de demander à un prestataire de « faire à ma place » ; nous abordons ici le second élément relatif à la levée du paradoxe l’autonomie : si le bénéficiaire est maitre de son destin (professionnel) dont il trace les contours dans le cadre du bilan, il pourra d’autant mieux en vivre les phases actives ; s’il se comporte en « consommateur », sa capacité à faire seul en sera très largement affectée … Pour revenir à la métaphore citée plus haut, que deviendra celui qui, après avoir mangé le poisson, se retrouvera avec les seules arêtes pour toute nourriture ? Il s’empressera de revenir vers son fournisseur pour obtenir à nouveau la chose convoitée …
  • Il s’autorise à dire ses émotions ; l’évocation d’un parcours de vie (professionnel et/ou plus personnel) n’est pas exempte de temps forts ! La posture d’accueil que nous avons soulignée pour le consultant dans le paragraphe précédent, doit permettre l’émergence émotionnelle des temps forts en question ; encore faut-il que le bénéficiaire accepte, si nécessaire, l’indispensable «lâcher prise» qui ouvre la voie à une expression encore plus authentique de son identité ; bâtir ou renforcer un cheminement implique que l’on sache et que l’on comprenne ce qui est bon pour nous par opposition à ce qui nous a « fait mal » ; encore faut-il, pour cela, que l’on accepte d’en prendre réellement conscience non seulement intellectuellement mais également dans une sphère plus intime, tournée vers le ressenti, ce dernier pouvant être, par sa résurgence, source d’une souffrance heureusement temporaire et bien évidemment régulée ;
  • Il croit dans l’utilité de la démarche ; ce point peut apparaître comme inutile à décliner tant l’évidence de ce qu’il recouvre « saute aux yeux » … Les choses ne sont pas toujours aussi évidentes ! Il s’agit de distinguer ici deux façons d’entrer dans le processus de bilan :
    • La première qui se veut résolument constructive et qui amène le bénéficiaire à mettre en mouvement un principe de croissance destiné à tracer une voie (toujours elle…) nouvelle ou complémentaire par rapport à ce que nous appellerons son actualité ; la démarche est dont proactive et installe l’intéressé dans un environnement favorable au sein duquel il saura, généralement, se mouvoir avec une relative aisance et, en tout cas, dans une vision positive de son devenir ; notre pratique nous amène à positionner ce cas comme majoritairement rencontré chez celles et ceux que nous accompagnons ;
    • La seconde, plus complexe, qui relève davantage d’une posture défensive (« je ne veux plus faire ce que je fais aujourd’hui … ») considérant le recours au bilan de compétences comme un outil d’évasion d’un quotidien devenu par trop pesant … Nous savons que la motivation est un phénomène relevant d’une forme de maïeutique qui, si elle s’initie dans un climat difficile voire délétère, n’engendrera pas systématiquement d’effets positifs ; ainsi, le bilan de compétences réalisé seulement « pour voir si on ne peut pas faire autre chose parce que y’en a marre de … » est certainement plus tendu dans sa réalisation et dans ses conclusions ; soyons tout à fait clairs : il ne peut être question de ne pas traiter de tels dossiers ; en revanche, et c’est le rôle du consultant (accueil et bienveillance) de situer le contexte avec le bénéficiaire et d’amener celui-ci à visualiser l’éventualité d’un projet non pour « s’en sortir » mais bien plus pour grandir ; reste à l’intéressé (mais ceci n’est pas forcément simple !) à changer de paradigme pour regarder le verre à moitié plein !

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