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Management et sens : vers l’entreprise cohérente (Janvier 2011)

 

I – LE PRINCIPE DE COHERENCE

Pourquoi ce principe ? Parce que, comme tout concept, il doit avoir, en toute premier lieu, une dimension structurante  des idées et, sous un autre aspect, il se base sur un fondement rigoureux qui permet d’ancrer fondamentalement une conception originale. C’est en cela que le principe devient structurant, symboliquement et pratiquement.

Le principe de cohérence complète l’approche « concurrentielle » en cela qu’elle introduit, de manière effective, la convergence des concours apportés à un même bien, à un même service, à une même œuvre, un même projet, une même entreprise à la compétition et au combat économique dont la position est, très fréquemment, plus que dominante !  .

Or, ce qu’apporte la cohérence, c’est la proposition de regarder les choses sous un certain angle. L’entreprise cohérente est à considérer sous l’angle des concours mutuels, apportés par l’activité des uns et des autres au bien réciproque. L’entreprise concourt par son activité au « bien » de ses clients ce qui donne Sens aux produits et services qu’elle offre. Le personnel et les différents services concourent à la réalisation du projet de l’entreprise par les multiples apports de compétence, selon une « structure cohérente » qui focalise toute l’organisation sur le but final. Les fournisseurs, les services publics concourent à la marche de l’entreprise selon leur vocation propre. L’entreprise ainsi concourt au développement local, à l’économie de la cité. Les clients concourent à la pérennité de l’entreprise dont ils apprécient les services et la font ainsi progresser. L’entreprise concourt à l’évolution de son personnel, au-delà de sa simple subsistance. Elle concourt à favoriser l’intérêt de ses actionnaires mais aussi des organismes publics ou privés avec lesquels elle est en rapport de même que ceux-ci le font à son égard. C’est notamment le cas d’autres entreprises.

Ce lien de cohérence est là, présent, partout où l’un rend service à l’autre. Là où il n’y a pas cohérence, soit il n’y a pas de lien, soit l’un dessert l’autre plutôt qu’il ne le sert. Autrement dit ce lien est le seul que l’on puisse systématiquement légitimer. En même temps, il faut observer que dans cette optique et avec ce regard, on découvre que les relations de cohérence sont déjà largement développées.

Nous insistons là sur le Sens de la vision. Il ne s’agit pas d’inventer un modèle à partir de rien mais considérer dans ce qui existe les repères du meilleur Sens possible pour en favoriser l’intelligence et la réalisation.

Ainsi le principe de cohérence suggère que l’on peut chercher à établir ce lien, dans toute structure, dans les meilleures conditions possibles et pour le plus grand bénéfice de chacun. L’angélisme consisterait à croire que la tâche est facile et que réside ici la seule motivation humaine. Le réalisme nie cette apparente aisance mais n’exclut pas d’en faire l’axe d’une éthique en même temps que la plus grande efficacité pratique de l’organisation.

Dans ces conditions, le management se trouve centré sur la mise en place, la structuration et le développement des relations de cohérence entre les acteurs de l’entreprise et avec ceux de son environnement. On voit alors que c’est la finalité de l’entreprise qui devient, pour elle et au travers de ses différents projets et stratégies, le référent commun autour duquel doivent se structurer les cohérences.

De ce fait, le principe de cohérence donne à l’entreprise son unité au milieu de la diversité des acteurs et des actions. Ce qu’elle entreprend devient alors le principe unificateur et organisateur de tous les concours et donc de tous les échanges, de toutes les activités, de toutes les réalisations, de tous les investissements.

De ce fait, il est laissé une très grande liberté quant aux modes contractuels comme est  remise en question la frontière intérieur/extérieur, telle qu’observé d’ailleurs de plus en plus fréquemment.

C’est le mode de cohérence spécifique qui caractérise le rapport de chaque type d’acteur avec l’entreprise et qui peut déterminer un cadre contractuel, un mode organisationnel, un type d’échange ainsi qu’une dynamique de progrès réciproque.

La caractéristique du principe de cohérence, dès que l’on en systématise les causes et les effets, est d’apparaître comme une évidence, d’une grande simplicité et c’est là son intérêt évocateur. Par contre, pour les uns ce sera le signe de sa vacuité, pour d’autres un éventuel effet de mode… En fait, ce concept, facilement accessible à l’intuition s’il repose sur des principes simples, débouche sur une très grande complexité quant à l’analyse. Il s’agit, d’une part, d’une innovation fondamentale qui peut être refondatrice. D’autre part, il embrasse le réel dans son infinie diversité. C’est la raison pour laquelle la seule intuition nous conduirait à manquer, probablement, toute la richesse de cette perspective.

L’unité de Sens constitue le premier principe de l’entreprise cohérente.

Unité de Sens induit unité de signification, de compréhension, indispensable à tous les échanges, à toutes réalisations communes, à l’interprétation ou l’évaluation des situations et des actions.

Unité de Sens signifie unité dé direction, d’orientation, c’est-à-dire aussi de valeurs, de finalité, de motivation humaine. C’est indispensable pour partager une quelconque évaluation de la marche, du progrès et ou du bien produit (qualité, service, progrès, perspectives, etc.).

Unité de Sens veut dire unité d’action, c’est-à-dire cohérence de l’organisation, des moyens, des opérations, des buts, de la conduite, du management, des stratégies et projets.

La théorie des Cohérences Humaines montre qu’il s’agit d’un seul et même Sens. C’est sa nouveauté radicale qui permet l’intégration de tous les aspects du réel, condition d’une meilleure maîtrise, clé du management de l’entreprise cohérente.

Il est facile de montrer par exemple que dans une relation commerciale, l’entendement commun, le partage réciproque de valeurs et la cohérence de la démarche sont les clés de l’expression réciproque d’une valeur sanctionnée par un acte contractuel, sain et fructueux.

La qualité est ainsi « vecteur de Sens » et médiatise les cohérences. L’esprit de l’entreprise, sa vocation, se retrouvent dans son message, véhiculé par ses produits et touche les attentes de sa clientèle aux travers des activités de production, de commercialisation et toutes les modalités du marketing, de la distribution, du commerce et ce qui y concourt.

L’unité de Sens pose le lien en positionnant réciproquement les acteurs.

L’unité de Sens de l’entreprise cohérente est celle d’un Sens spécifique original particulier qui fait la singularité de chaque entreprise, sa personnalité, sa qualification. C’est par ce Sens qu’elle rejoint une clientèle qui « s’y retrouve » tout en tissant des liens de familiarités avec une nuée de partenaires parmi lesquels elle tient une position, un rôle et une responsabilité particulière.

Si on a là le premier principe qui détermine la vocation de l’entreprise, la signification, la valeur et la cohérence de son projet,  il y a bien là une responsabilité de la direction générale comme du management. Elle consiste à donner le Sens, à le transmettre, le retraduire dans tous les aspects de l’activité de l’entreprise et dans les rapports avec son environnement.

Une autre caractéristique de l’entreprise cohérente s’inscrit dans l’utilisation du concept comme principe structurant et intégrateur. On l’examinera ici sur sept points différents.

    • L’entreprise cohérente doit avoir une unité de direction, une même orientation, une même échelle de valeur, une même finalité. Ceci signifie que chaque acteur, établissement, service, personne, partenaire, décline, dans son domaine spécifique et dans des termes appropriés, la même orientation, dans un contexte différent et donc de façon différente (aller vers le nord amène à prendre des routes différentes si on est sur un terrain différent).
    • Une unité de contexte et de terrain doit également exister. Celle-ci se traduit par le fait que l’entreprise est centrée sur une activité principale, un métier, un service à rendre à un type de clientèle. Chacun de ceux qui y concourent est alors centré sur une activité secondaire, un métier différent, un concours particulier reliés hiérarchiquement à ceux de l’entreprise. Dans ces conditions, un lien hiérarchisé de toutes les activités, tous les métiers, tous les services autour d’un centre organisateur doit être présent. Sous cet aspect, l’entreprise est une constellation centrée (le rapport centre-périphérie doit être clairement établi).
    • En troisième lieu, l’entreprise cohérente doit comporter une unité stratégique de développement. Chaque projet particulier, chaque stratégie locale s’inscrit, participe et concourt à la stratégie globale. Cela réclame une architecture particulière de l’action et montre que les structures d’encadrement sont toujours stratégiques (et non pas seulement organiques). Le lien est l’unité de direction appliquée à un contexte centré mais diversifié.
    • Le principe de cohérence se traduit encore par la constitution et le développement d’une communauté dont l’unité et la cohésion se traduisent par une distribution des rôles, des responsabilités, un recrutement, une vie sociale, une dynamique de progrès, des modes d’échange économique, affectif, intellectuel, juridique, etc. spécifiques à chaque entreprise.
    • Les critères d’évaluation de la place de chaque acteur dans cette communauté sont liés à son potentiel comme à sa cohérence effective. La nouveauté est qu’il faille évaluer l’un et l’autre d’une façon relative par rapport au projet et aux fruits de cette entreprise. Cette évaluation doit prendre en compte différents termes et notamment :
        • le potentiel de responsabilité
        • la participation au projet
        • la production effective.
    • L’unité de représentation, d’image, de vision et, au bout du compte, d’identification de l’entreprise constitue le  sixième point de la démarche ; cela suppose qu’un tableau cohérent et intelligible de l’entreprise soit identifiable  à l’intérieur duquel chaque acteur, chaque activité trouve sa place et participe à sa composition. C’est une sorte d’organigramme généralisé et significatif que la communication construit et véhicule, intégrant un imaginaire partagé aussi bien qu’un langage, une histoire, un projet, des modèles, des schémas, des représentations et des signes communs mais différenciés qui tissent et dessinent la participation de chaque partie prenante.
    • Enfin, la caractéristique de l’entreprise cohérente réside dans l’optimisation des coopérations factuelles, des moyens, compétences et savoir-faire dans l’organisation matérielle et technique du travail où chaque tâche, chaque mission, chaque opérateur, chaque opération concourt de proche en proche, qualitativement et quantitativement, à la marche de l’entreprise.

Le souci de chacune de ces dimensions ou facettes de l’entreprise cohérente peut sembler familier. La clé en est l’unité de Sens, les modalités en sont plus complexes d’autant plus que leur intégration doit être simultanée. Chaque aspect est à la fois condition et fruit de cette cohérence.

Il n’est pas possible ici d’entrer dans tous les détails de l’entreprise cohérente, on peut néanmoins constater qu’aucun domaine de la vie de l’entreprise n’y échappe, gage de synergie du principe. Chacun de ces domaines peut être ré-envisagé, au moins intuitivement,  à  travers ce que le concept en évoque. Il est tout aussi possible de mettre en évidence des problèmes nouveaux, une relecture des problèmes classiques et le besoin de réponses et de méthodes appropriées.

II – LE SENS DE L’ENTREPRISE DE CONCOURANCE

Pour résoudre le problème de la conciliation des finalités humaines, de l’éthique et des valeurs avec l’efficacité technique ou économique, l’esprit que développe le principe de cohérence doit se référer au Sens humain de l’entreprise et des différents concours qui lui sont apportés et que, par là même, elle apporte.

Pour situer l’entreprise cohérente parmi d’autres modèles, sans entreprendre une analyse exhaustive, on peut souligner qu’elle emprunte à une logique classique le Sens de la volonté, de l’acte et de la responsabilité d’entreprendre qui est la condition primordiale de son existence. Cependant elle insiste sur le fait que toutes les motivations entrepreneuriales ne peuvent être humainement justifiées de façon égale et elle suggère de faire du service du bien des hommes la finalité légitime de toute entreprise humaine (cela donnerait à l’expression « biens et services » un Sens plus juste).

A un autre modèle plus rationnel et technique, elle emprunte justement l’exigence d’une finalité individuellement et socialement utile. Cependant, elle insiste sur le fait « qu’entreprise » vient du verbe entreprendre, ce qui engage ceux qui y concourent dans leur liberté de choix mais aussi leur responsabilité personnelle et collective.

D’un modèle plus systémique, elle adopte le souci de globalité et la perception de l’interdépendance des acteurs et des facteurs. Cependant, elle rétablit la verticalité et la centralité de l’homme comme seul auteur, seule fin et seul acteur de toute entreprise humaine se fondant sur le primat de la personne humaine, donc d’une nature humaine. L’entreprise cohérente refuse d’oublier que seul l’homme explique, oriente et engage les affaires humaines, irrémédiablement, et quoi que l’on disserte sur la « nature des choses ».

Resterait à situer l’entreprise cohérente dans le contexte de la spéculation financière en soulignant que toute entité cohérente récolte ses fruits par le concours des uns et des autres pour parvenir au bien de ces derniers. C’est le Sens inverse de la logique spéculative dont les gains attendus ne veulent pas être proportionnés au bien commun mais à la captation d’un gain particulier.

 

L’entreprise cohérente ose référer sa finalité au meilleur Sens, au bien humain, c’est-à-dire à celui des individus et des groupes humains. Elle affronte donc la norme éthique et pour cela doit en déjouer quelques pièges. Parmi eux, citons le relativisme qui voudrait que chacun légitime son éthique à son intérêt particulier tel qu’il le voit, et l’absolutisme qui voudrait que tout soit dit une fois pour toute du comportement moral, laissant chacun choisir entre conformisme ou transgression.

La théorie des Cohérences Humaines vient au secours du principe pour montrer que si on peut parler d’un bien de l’homme en référence à la nature humaine, on peut aussi parler d’un bien personnel, d’un bien collectif ou du bien de l’entreprise en tant qu’elle est engagée par un homme ou une communauté d’hommes.

C’est donc dans chaque situation particulière que le Sens du bien humain est à discerner. Autrement écrit, le Sens du bien humain est celui auquel peut être vouée une personne, une entreprise, une communauté humaine, c’est-à-dire sa vocation, ce à quoi elle est appelée.

Ainsi le meilleur Sens de l’entreprise n’est rien d’autre que celui de sa vocation. Il n’est rien d’autre que celui du meilleur service (le plus qualifié) qu’elle peut rendre à ses clients mais aussi à tout son environnement. Il n’est rien d’autre encore que celui du meilleur potentiel de ses hommes : fondateurs, dirigeants, encadrement, personnel et de tous ceux qui y concourent par leur compétence collective et leur capacité d’évolution et de progrès.

Le meilleur Sens n’est donc pas fondamentalement déconnecté de ce qui fait la richesse d’une entreprise, à savoir  l’équilibre positif ressources-produits. Il est au contraire ce qui en fonde la valeur propre et le développement.

L’entreprise cohérente réclame aussi l’existence d’un « consensus » réellement partagé (Sens en commun … et non Sens commun !). Cela pose la question du libre arbitre, de la libre cohésion et de la nature des engagements réciproques.

L’entreprise cohérente comporte également des niveaux d’évolution, des âges dont la théorie des Cohérences Humaines montre les racines et les enjeux pour les hommes, les structures et les communautés humaines. Ainsi, l’on trouve :

    • Un niveau empirique, impulsif, spontanéiste, quelque peu confus, qui mélange le meilleur et le pire.
    • Un niveau pragmatique, opératoire, technique, factuel, qui maîtrise les choses à court terme : l’âge du faire.
    • Un niveau stratégique, organisé, rationalisé, anticipateur qui maîtrise les choses à moyen terme et les articule entre elles : l’âge des représentations ou âge des signes, celui de la raison.
    • Un niveau politique, orienté, finalisé, justifié par le bien commun (et néanmoins personnel et collectif) qui maîtrise les choses à long terme : l’âge du Sens.

Toute progression, toute motivation, tout développement des hommes et des organisations dans la visée de l’entreprise cohérente, sont « munies » d’une échelle de valeurs. Telle que définie dans le principe « unité de Sens », elle n’est véritablement maîtrisée qu’avec l’âge du Sens. C’est ce qui en fait l’opportunité dans le contexte de cette mutation où, précisément, nous entrons dans l’âge du Sens. Cela n’empêche pas d’en favoriser l’émergence en puisant, dans le principe, l’inspiration de nos modèles et représentations et celle de l’organisation de nos processus de production.

Le caractère de toute entreprise cohérente se doit de « tirer vers le haut » les acteurs de la structure et de baliser le chemin (la voie du Sens) par une véritable hiérarchie de niveaux et de compétences. C’est dans ces conditions  que le management mais aussi chacun des métiers inscrit sa contribution  en termes de valeurs et d’échelle de valeurs, condition de toute évaluation. C’est grâce à cette véritable clé d’entrée que les processus hiérarchiques trouveront leurs fondements théoriques et leur légitimité.

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